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mardi 6 octobre 2015

Des mensonges dans nos têtes

Auteur : Robin Talley
Titre VO : Lies we tell ourselves
Traduction : /
Genre : Roman - Young Adult
Edition : Mosaic
Publication : le 9 septembre 2015
Pages : 369
Prix : 13.90 euros

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Résumé :
Les filles sont faites pour se marier… Les Noirs et les Blancs ne doivent pas se mélanger… Une fille ne doit pas embrasser une autre fille… Linda ne doit pas aimer Sarah. Rien que des mensonges? 1959, en Virginie. C’est l’histoire de deux filles qui croient qu’elles se détestent — parce qu’elles n’ont pas la même couleur de peau et qu’elles ne sont pas nées du même côté. C’est l’histoire de Sarah et Linda qui croient qu’elles se détestent… mais c’est aussi l’histoire de l’année où tout va changer — parce que les mensonges des autres vont voler en éclats et que les vies, les coeurs de Sarah et Linda vont s’en trouver bouleversés pour toujours…
Mon avis :
Je savais de quoi aller parler ce roman, enfin en partie seulement. Pour revenir un peu sur ce choix, j'ai connu ce roman grâce aux retours que j'ai pu percevoir et je n'avais pas lu le résumé avant de décider de le lire. Finalement mes yeux se sont posé dessus et j'ai remarqué un détail qui m'a turlupiné. Je pensais que ce roman allait parler essentiellement de la ségrégation et en fait c'est plus que ça. Roman jeune adulte oblige, je me doute que ça n'allait pas aller loin, mais je n'étais pas rassurée pour autant. Non pas que j'ai un quelconque problème avec le genre de relation qu'on m'annonçait, juste que c'était pour moi une première et j'avoue que dans mes lectures, ce n'est pas ce vers quoi je vais, préférant d'autres types de relation. Mais j'étais lancée et il était trop tard pour faire marche arrière.


Je vais m'attarder en premier sur ce qui me faisait le plus peur, à savoir ce qui va se nouer entre les deux héroïnes. Le roman se déroule en 1959, aux États-Unis et l'histoire passe en revue l'intégration d'un groupe de jeunes gens de couleur noire, dans un lycée de blanc. Sujet important et déjà très porteur, l'auteure prend donc en plus le parti de compliquer une situation déjà difficile en faisant de ses héroïnes, des personnes qui ont des préférences différentes. Sans trop entrer dans les détails, cet élément de l'histoire est plus psychologique que physique, ça ne va pas très loin. Sarah et Linda vont davantage réfléchir à ce qui leur arrive et être tourmentée par cette situation. Forcément, c'est nouveau pour elles, elles savent que c'est mal, mais concrètement elles restent ignorantes de beaucoup de choses.

Je ne trouve pas que cette situation apporte quelque chose en plus, je trouve même que ce n'était pas foncièrement nécessaire. Au final, si nos deux jeunes héroïnes s'interrogent et qu'il y a bien une évolution quant à ce qui les préoccupe, en arrivant à la fin de l'histoire on se rend compte que ce côté est juste esquissé et qu'il est resté assez discret. Les jeunes filles mettent beaucoup de temps à se parler vraiment, donc selon moi une belle amitié aurait amplement suffi.


Que vous dire sur l'autre côté de l'histoire, sur tout ce que nous dépeint l'auteure sur ces 10 jeunes noirs qu'on envoie dans ce lycée de blanc afin de changer les mentalités, afin de faire bouger les choses quant à leur situation. Tout ce que l'auteur écrit m'a épuisé, psychologiquement je suis ressortie de ce roman dans un état de grande fatigue. J'ai eu l'impression d'être dans une dimension parallèle, ayant bien du mal à concevoir que les êtres humains puissent agir de la sorte. Je ne suis pas naïve et si j'avais connaissance que les noirs avaient subi des choses horribles, qu'ils avaient du se battre pour leurs droits, ça n'allait pas loin et ça restait assez abstrait.

Ici l'auteure nous raconte le quotidien de collégiens et de lycéens, je n'ose pas imaginer avoir le même genre d'histoire dans un contexte adulte, je crois que je serais ressortie totalement folle. Ce qui se passe ici n'enlève en rien la gravité de la quasi-totalité de ce qu'on nous raconte, c'est juste qu'on se situe à une échelle moindre que si on avait eu affaire à un livre pour adultes. L'auteur arrive quand même à aller très loin, jusqu'à mettre en péril la vie de certains personnages.


La première partie, qui est du point de vue de Sarah, nous place vite dans le bain puisque le groupe de noir arrive tout juste devant le lycée. Et ensuite c'est partie pour de longues pages de sévices, d'insultes, et j'en passe, commis par des jeunes adultes. J'ai été révoltée par ce que tous subissaient, on ne peut pas rester indifférent face aux actes commis par les blancs. J'ai eu honte d'en être une en lisant ce roman. Pour moi ça me paraît tellement inimaginable de faire subir tout ça à d'autres. La seconde partie nous place du point de vue de Linda et si les choses se calment un peu, rien ne s'arrête et tout va continuer jusqu'à la fin.

Les parties, composées de plusieurs chapitres, alternent les de points de vue, sauf vers la fin, lors de la dernière partie (la cinquième je crois) où ils changent à chaque chapitre. Je pense qu'il aurait été plus judicieux de faire comme ça tout au long du roman, certaines situations auraient gagné en force. Car en ayant la réaction immédiate de l'une des filles juste après qu'une situation ait lieu, ça aurait vraiment été mieux.

J'ai eu beaucoup de mal avec Linda, ne la comprenant pas toujours et ne l'appréciant pas spécialement. Son évolution est intéressante, mais une partie de sa personnalité n'a jamais remporté mon adhésion. Avoir peur est une chose, mais même ses pensées étaient parfois confuses, elle était trop perdue pour moi. Sarah est plus intelligente, elle réfléchit davantage et la suivre était plus intéressant.


Ce roman est très intéressant à lire pour toutes les informations qu'il apporte, quel que soit l'âge du lecteur qui serait à même de se lancer. Penser que tout ça c'est passé il y a à peine 56 ans, penser à toutes les violences qui ont été commises juste pour une histoire de couleur de peau. Constater la façon de penser de certains, les différences de vie entre les noirs et les blancs, assister à tout un tas de monstruosités faites par des jeunes, à l'indifférence et au mépris des adultes. Ce que j'ai lu m'a abasourdie, ça m'a écœuré et ça m'a épuisé psychologiquement. Néanmoins l'un des personnages m'a pas mal agacé, développer en plus de tout ce qui se passe une relation entre femmes n'était pas nécessaire, ça fait beaucoup à ingurgiter même si connaître les pensées des jeunes filles, dans un contexte tel que celui qu'on a, est intéressant. Quoi qu'il en soit, le roman n'est pas très long, mais j'ai sentie les pages passer et je sais que je ne suis pas prête à lire des histoires pareilles tous les jours.


Une lecture agréable...
mais épuisante
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2 commentaires:

  1. Il me tente assez. Ton avis me fait penser à un autre roman sur le même thème : Sweet sixteen d'Anne-Lise Heurtier, vraiment très bon sur le sujet.

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    Réponses
    1. Je crois que Sweet Sixteen est assez court, c'est pour ça que je ne me suis jamais penché dessus. Bref je ne peux pas comparer, mais celui-là est assez intense.

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