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mardi 21 décembre 2021

La vie vue d'en bas de Stacey Lee

Auteur : Stacey Lee
Titre VO : The downstairs girls
Traduction : Alison Jacquet-Robert
Genre : Historique - Young Adult
Edition : Milan
Parution : le 17 mars 2021
Pages : 389
Prix : 16.90 euros


Atlanta, 1890, Jo est une jeune Chinoise, domestique le jour et chroniqueuse pour le journal de la ville la nuit. Elle tente de bousculer les mentalités et de trouver sa place dans une société profondément sexiste et raciste. Un roman historique et initiatique palpitant qui montre le combat de Jo pour sortir de la misère avec son père adoptif. Une héroïne inspirante dans un roman intelligent, tout en nuances, avec des personnages très travaillés, qui s'éloignent souvent des clichés dans lesquels on voudrait les enfermer.
J'ai très vite accroché à ce roman, les premières pages m'ont bien rapidement alpaguée et j'avais la sensation que cette lecture se conclurait par un coup de cœur et puis il y a eu la fin. Je vous rassure tout de suite, elle n'est pas mauvaise du tout, juste un peu simple et facile, ce qui a enlevé de l'attrait que j'avais pour ce titre. Mais globalement, on a là un excellent ouvrage.

J'aimerais faire l'impasse sur la couverture, mais comme ça me démange, je vais y aller. Je trouve qu'elle n'est pas du tout attractive, même si elle correspond bien au contenu, je ne vais pas lui retirer ça. En plus d'invisibiliser encore une fois un personnage asiatique, ce n'est pas une première chez cet éditeur, même si en y regardant de plus près... et encore j'estime qu'il faut le savoir, l'illustration est assez terne et manque de charme, clairement je ne me serais pas arrêtée dessus en librairie, ce n'est pas mon genre de couverture et pourtant je ne suis pas formatée sur un type de design en particulier. Quand j'ai su de quel titre il s'agissait en version originale, j'ai été déçue de ce choix pour la version française. Après, les goûts et les couleurs...


J'ai beau avoir écrit un pavé sur la couverture, l'intérieur, par contre, possède tellement de points positifs, que j'espère que mon avis saura vous convaincre, si d'aventure vous en aviez un similaire au mien sur cette dernière. J'ai beaucoup aimé le contexte historique, j'aime lire des titres qui ne se déroulent pas à notre époque, je ne prends plus beaucoup le temps d'en lire des comme ça, du coup ça m'a fait du bien de renouer un peu avec ce genre de récit.

Dans La vie vue d'en bas, on est en 1890, aux États-Unis, on y suit Jo, une jeune chinoise qui confectionne des chapeaux et qui vit dans le sous-sol d'une maison, de manière totalement illégale. Au travers de cette héroïne, il va être notamment question d'immigration, de l'intégration des Chinois aux États-Unis, de la façon dont ils sont perçus en société... L'autrice a disséminé nombre d'informations se rapportant à ses sujets dans son roman et c'était très enrichissant de découvrir tout ce qu'elle nous dévoile. Au côté de Jo, on va davantage aborder ces sujets à titre personnel, comment la jeune fille tente de survivre et de s'en sortir dans un pays qui ne l'accepte pas, en tant que chinoise, mais aussi en temps de femme, le roman est féministe par bien des côtés ce qui n'a fait qu'ajouter à mon attrait et mon intérêt pour lui, mais l'autrice prend le temps de nous informer sur certaines conditions plus générales.

Outre le contexte dans lequel le lecteur évolue, l'histoire est servie par une héroïne que j'ai adoré suivre. Jo est pleine de ressources, elle n'est pas à sous-estimer, elle a conscience du monde qui l'entoure, des gens qu'elle côtoie et des difficultés qu'elle est à même de rencontrer, ce qui en fait une héroïne foncièrement séduisante et passionnante à suivre. Ce qu'elle fait, ce qu'elle réalise tout au long du roman était prenant et fascinant, que ça soit en tant que chapelière, domestique ou chroniques, et il en était de même pour les endroits et les milieux qu'on approche grâce à elle. Si ses liens avec les personnages secondaires ne sont pas aussi forts que ce personnage qui est clairement au centre du récit et qui dégage une belle et forte présence, les relations qu'elle entretient restent attractives. Il y a celle quelle partage avec son « grand-père », qui a vécu pas mal de choses de son côté, celle avec le fils des propriétaires qui habite la maison dans laquelle elle vit ou encore la fille de son ancienne patronne. L'autrice a beau avoir moins travaillé les rôles secondaires, elle a réussi à les rendre mémorables, pour diverses raisons.

Concernant l'histoire, je me suis complètement sentie immergée dans les pages qui la composent. On ne peut pas dire que ce type de roman soit connu pour comporter de l'action, ou p as beaucoup, mais ce manque est compensé par une facilité de lecture et par l'intérêt que j'ai ressenti pour Jo. Suivre ses aventures s'est fait sans heurts, je me suis juste passionnée par ce que je lisais, le reste n'avait pas d'importance. Cela ne veut pas dire que le récit est lent où plat, il est même assez riche en l'état et l'intrigue possède une certaine dynamique, pour peu qu'on se prenne au jeu et qu'on adhère au texte. Sans action, c'est souvent comme ça que ça marche, on aime un texte pour autre chose. Je ne dirais pas que j'ai été surprise par ce que l'autrice amène, beaucoup de situations ont évoluées de façon logique à mes yeux, mais ça n'a pas été un problème de deviner certains éléments. Par contre, effectivement, la fin est un peu « décevante », un peu facile. Ce qui s'y passe va un peu vite, tout se conclut en deux temps trois mouvements. J'aurais aimé quelque chose de plus travaillé, de moins précipité surtout. Encore une fois rien de grave, mais j'ai refermé la dernière page en étant un chouïa désappointée. Cela n'enlève pas grand-chose à la qualité de ce roman et au plaisir que j'ai eu à le lire.



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