Yellowface de Rebecca F. Kuang

Auteur : Rebecca F. Kuang
Titre VO : Yellowface

Traduction : Michel Pagel
Genre : Roman
Edition : De Saxus - Ellipsis
Parution : le 2 mai 2024
Pages : 347 pages
Prix : 18.90 euros

C'est une histoire magistrale racontée par la mauvaise personne.

June Hayward et Athena Liu ont étudié ensemble à Yale, ont déménagé à Washington après avoir obtenu leur diplôme et sont toutes les deux écrivaines, mais les similitudes s'arrêtent là. Athena est une étoile montante de la littérature, et June n'est personne. Après tout, qui s'intéresse de nos jours aux histoires d'une fille blanche aussi banale qu'elle ?

Lorsqu'elle assiste à la mort d'Athena dans un accident invraisemblable, June agit donc sans réfléchir et vole le manuscrit que son amie et rivale vient de terminer – un roman sur les contributions méconnues du corps des travailleurs chinois pendant la Première Guerre mondiale. Et si June corrigeait le récit et l'envoyait à son agent comme s'il s'agissait de son propre travail ? Et si elle adoptait le nom de Juniper Song et jouait sur l'ambiguïté de son origine ethnique ? Quelle qu'en soit l'autrice, ce morceau d'histoire ne mérite-t-il pas d'être raconté ?

Mais June ne peut échapper à l'ombre d'Athena, et des révélations menacent de faire s'écrouler son succès volé. Jusqu'où sera-t-elle prête à aller pour protéger son secret ?

Les romans de Rebecca F. Kuang me tentent depuis un petit moment, depuis la parution du premier tome de La guerre du pavot chez Actes Sud en gros. J'avais vu circuler son nom avant ça sur les réseaux, de quoi me rendre curieuse. Pour la petite histoire, je n'ai pas eu le temps de me lancer dans La guerre du pavot que j'apprenais que la suite ne paraîtrait pas, en même temps, Actes Sud n'a pas fait d'effort au niveau du visuel de la couverture (que je ne craignais pas, mais qui était fort lisse pour le genre) et j'avoue être un peu fâchée avec cette maison d'édition qui fait des formats de livres (pas tous) qui rendent la lecture inconfortable.

Par la suite, il y a eu Yellowface et Babel, deux titres encore une fois très plébiscités et si j'ai déjà tenté d'emprunter Babel à la bibliothèque, je n'ai jamais réussi à me lancer, la grosseur a provoqué une certaine flemme chez moi. J'ai donc découvert l'autrice avec Yellowface, que j'ai pourtant fait traîner, les avis étant un peu moins enthousiastes, mais au bout d'un moment, il fallait bien que je me lance. Eh bien, le résultat a été très positif. Cette longue intro est enfin terminée, mais j'avoue que j'aime assez raconter mon passif avec certains romans ^^.

Yellowface m'intriguait beaucoup notamment parce qu'il possède un fond attirant, en l'occurrence ici le récit est lié aux livres puisqu'on suit une autrice. Il ne m'en fallait pas plus, mais je dois dire que lorsque j'ai vu que notre héroïne allait avoir un succès fou avec son dernier roman publié, après avoir eu des échecs, mais que ça cachait des choses pas vraiment recommandables derrière, j'étais d'autant plus titillée.

C'est annoncé d'entrée de jeu, June, notre personnage principal, vole le manuscrit d'une de ses amies autrices au moment où cette dernière décède. Ce fameux moment, que j'attendais de pied ferme, ne m'a pas déçue. Je n'avais pas d'idée préconçue par rapport à lui, mais j'ai vraiment aimé sa mise en situation et ça a été d'ailleurs le début de choix scénaristiques qui m'ont plu (à une exception près), et ce, jusqu'à la fin de l'ouvrage. Je ne vous cache pas que le rythme est lent, qu'il y a eu des passages un peu moins entraînants que d'autres, où plutôt une espèce de creux à un moment, mais globalement, j'ai été entraînée dans le récit. La fin, ouverte, n'a pas forcément eu ma préférence, je n'ai jamais aimé ça, mais elle ne fait pas partie des pires que j'ai lues et je m'en suis contentée. Il faut dire que pas mal de choses sont traitées avant ça que je pardonne à l'autrice de s'être arrêtée là ou elle a stoppé son histoire.

Ce que j'ai trouvé le plus intéressant dans le texte, c'est notre héroïne. June est humaine, son caractère est d'un beau gris, plein de nuances. Elle a ses défauts et ses qualités et si elle n'a pas remporté l'adhésion de tout le monde, c'est un personnage qui divisera forcément toujours. Elle fait des choses qui ne sont pas bien, elle le sait, elle le reconnaît, et c'est justement une partie du récit qui est intéressant. Toute cette nuance chez June apporte beaucoup à l'histoire, qu'on soit d'accord ou non avec ses propos ou ses actes, qu'on les cautionne ou non. L'autrice a vraiment réussi son personnage pour moi. Je pense que ce que j'ai le moins aimé, c'est lorsque June se fait menacer, ça prend un chemin que j'ai trouvé un peu gros, en tout cas, dans ce roman-ci. Quoi qu'il en soit, tout ce qui tourne autour du manuscrit volé, de la manière d'écrire un roman, d'en publier un, d'en faire la promotion..., ça m'a séduite et j'ai passé un très bon moment de lecture.

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