Titre VO : Blauschmuck
Traduction : Pierrick Steunou
Genre : Roman
Edition : Jacqueline Chambon
Parution : le 6 septembre 2017
Pages : 232 pages
Prix : 21 euros
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Des étoiles plein les yeux, l'innocente Filiz, treize ans, demande à l'arbre sacré de son village reculé de Turquie si le jeune Yunus deviendra son mari. La réponse ne tarde pas. Le mariage est un tourbillon. Il sera consommé dès la fin de la découpe du gâteau blanc meringue avec le rituel du drap taché du sang de la "petite vierge". Très vite, tout est noyé de bleu dans le quotidien de la jeune fille. Yunus s'emporte fréquemment contre son épouse, sous le toit de l'"araignée", la mère du garçon. Alternant silence dédaigneux et méchanceté tranchante, la belle-mère et le mari, fort de son droit d'époux, tissent une toile de terreur qui emprisonne Filiz, recluse dans sa condition de femme mariée.
Dans les allées
d'un des établissements dans lequel je travaille, j'ai repéré ce
roman qui m'a interpellé avec sa très jolie couverture qui cache
pourtant un sujet difficile. J'ai eu envie d'en savoir plus.
Quand un roman
sort des carcans habituels, que sa construction sort des schémas
classiques, j'ai tendance à avoir un peu de mal à me contenter de
ce qu'on m'offre alors. Ici nous suivons Feliz qui a 13 ans et qui
est heureuse de se marier avec l'homme qu'elle aime. Pourtant son
mariage ne se passe pas dans des conditions idéales. Le pire étant
à venir car une fois que l'union est prononcée, Feliz va vivre un
véritable cauchemar.
Le récit qui s'étale
sous nos yeux consiste en une succession des pensées de la jeune
fille, des pensées brèves et c'est cette brièveté qui m'a posé
souci. Dès qu'un titre se concentre sur l'essentiel il n'est pas
rare pour moi d'en vouloir plus, de ressentir ce besoin d'avoir plus
de matière pour avoir un sentiment de satiété. Mais, c'est aussi
pour avoir la sensation d'être plus proche du ou des personnages
qu'on suit. Avec Les bijoux bleus, je n'ai pas complètement eu ce
que j'attends généralement d'un roman. Pourtant. Pourtant
même en en ayant peu, il ne m'a pas échappé que ce que vie Feliz
est horrible.
Le fameux titre du
roman trouve son terrible sens à la lecture. Il m'avait échappé
lorsque ces mots sont prononcés la première fois (je n'ai
d'ailleurs pas toujours saisi ce qu'il se passait à certains
moments) et quand j'ai su de quoi il retournait j'ai été choquée
parce que ça va tellement plus loin que ce que subit Feliz. Ces mots
sont employés pour parler de coups reçus pour x ou y raison. Chaque
bijou bleu qu'arbore Feliz, qu'il ait la forme d'un collier qu'on met
autour de son cou, qu'il soit situé sur le poignet en lieu et place
d'un bracelet... est le résultat d'un coup qu'on lui a porté, à
elle mais aussi à de nombreuses femmes de son village. En peu de
mots, avec peu phrases écrites sur chaque page, Feliz parvient à
nous transmettre ce qu'elle vit et les choses ne s'arrêtent pas à
ce que j'ai écrit. Sans avoir été convaincu par la forme du
récit, le fond atteint sans peine le lecteur qui ne peut pas rester
indifférent.
Autres
modes de vie, autre culture, aux côtés de Feliz c'est le destin de
centaines de femmes dans le monde que l'autrice nous transmet.
En allant à l'essentiel, l'existence de Feliz n'en reste pas
moins émotionnellement forte et remuante, elle a traversé tellement
d'épreuves. Ses réactions sont le résultat de son
éducation, pour elle ce qui lui arrive est normal, elle a des
devoirs, elle doit obéissance à son mari et elle doit supporter les
conséquences de ses actes. C'est le pire à lire. Je vous
laisse imaginer quels genres de comportement peuvent donner droit aux
punitions qu'elle est à même de recevoir, mais je vous préviens,
il se peut que la réponse ne vous plaise pas.
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